Fresque très coloré qui recouvre toute la facon d'un bâtiment

Bucarest part. 2 : déambulation urbaine au fil des fresques

Bienvenue dans cette deuxième partie sur Bucarest ! Je vous emmène à présent en balade dans la ville, au fil des fresques que j’ai pu y découvrir !
Le street art à Bucarest offre une attractivité économique et culturelle nouvelle. Il y a de plus en plus de fresques dans l’espace public, mais aussi dans des espaces privés, ce qui est une caractéristique de la scène de l’art urbain de cette ville.

Pour commencer par le commencement : Bucarest part.1 : une ville de tous les contrastes, c’est par ici !

En avril 2019 j’étais donc en voyage pédagogique à Bucarest avec ma classe de master. Accueillis par des professeurs de l’Université d’Architecture et d’Urbanisme Ion Mincu (UAUIM) de Bucarest, nous avons assisté à des conférences et des visites guidées du centre-ville, et puis on s’est aussi baladé en autonomie, comme des grands 🙂

Je n’ai pas arpenté toute la ville en ces quelques jours, mais je vous propose un panorama des artistes qu’on y retrouve le plus et des fresques que j’ai rencontrées.

L’outil qui m’a été le plus utile dans mes découvertes et pour vous raconter mon séjour dans cet article est la carte Un-Hidden Bucharest qui recense une centaine de fresques à Bucarest, et bien plus dans le reste du pays ! D’ailleurs, la plupart des fresques qui y sont cartographiées ont été peintes entre 2016 et 2020, ce qui témoigne bien de l’ampleur que prend ce courant artistique ces dernières années à Bucarest.

  1.   Le street art à la rescousse du patrimoine

Notre premier arrêt dans la ville est l’Université d’Architecture et d’Urbanisme de Bucarest où nous assistons à une conférence sur l’urbanisation de la ville. À la fin de la séance, je me balade dans l’enceinte du bâtiment de l’université et découvre la grande terrasse du premier étage qui abrite plusieurs fresques !

Fresque de Obie Platon représentant un visage de profil d'homme portant une moustache. Le visage est remplit de motifs sur le thème de l'architecture.
Obie Platon

La plus grande et aussi la plus impressionnante à mon sens est celle d’Obie Platon, en collaboration avec Alexandru Barat​ et Sandu-Milea Lucian​. L’œuvre réalisée en 2016 s’intitule « The Architect ». C’est un portrait de Ion Mincu (1852-1912), architecte majeur roumain qui a donné son nom à l’UAUIM. Obie Platon a choisi de rendre hommage à cet homme et à son ancienne université puisqu’il y a lui-même étudié l’architecture. L’influence de son premier métier se retrouve dans son art parmi bien d’autres influences telles que l’art cinétique, le surréalisme ou la pop culture. Il commence sa pratique artistique de rue par le graffiti dès le début des années 2000 et se fait connaître dans la scène locale de street art sous le pseudonyme d’Allan Dalla.
Il a réalisé plusieurs autres fresques monumentales à Bucarest, et il expose aussi son travail à l’international.

Petite info : si on se rapproche un peu, on trouve la signature de l’artiste et un flash code qui renvoie directement à son site internet. Les flash codes sont assez courants dans le street art pour s’autopromouvoir ! Gardez un œil dessus et flashez pour de belles découvertes parfois !

 

Deux fresques l'une au-dessus de l'autre, la première de Saddo représente un un paysage onirique de verdure et d'oiseau colorés ; la seconde d'Hedof représente des personnages enfantins dans un univers également très coloré.
De haut en bas : Saddo et Hedof

Toujours dans la cour de l’UAUIM, un autre grand mur abrite deux fresques. Celle du haut, également peinte en 2016 est de Saddo, un illustrateur et muraliste roumain. Il a étudié le graphisme à l’université d’Art de Cluj-Napoca, sa ville d’origine. Son premier contact avec la culture du graffiti s’est fait lors d’un voyage aux Etats-unis. À la chute du communisme, les jeunes se tournent vers la culture occidentale, voyagent et découvrent le hip-hop dont fait partie à l’origine le graffiti. De retour à Cluj, Saddo crée avec des amis un collectif de street art « The Playground » et devient un artiste majeur de la scène artistique roumaine. Il est également commissionné sur différents projets à l’international.
Rétrospectivement, l’artiste probablement un poil perfectionniste, écrit à propos de cette fresque sur son site :

J’ai l’impression que je dois être honnête à propos de cette fresque – c’est une fresque assez frustrante pour moi, je la vois comme un symbole d’échec pour moi : le moment où je l’ai peinte a été un moment d’échec personnel dans ma vie. De plus, l’idée originale pour cette fresque était au départ une juxtaposition d’éléments naturels, organiques, et d’un dessin au trait blanc d’une capitale corinthienne. L’idée était d’illustrer la façon dont l’architecture trouve son inspiration dans la nature. Mais au moment où j’ai eu envie d’ajouter cet élément supplémentaire, j’étais un peu inquiet, alors je l’ai laissé comme ça, et maintenant j’ai l’impression qu’il manque quelque chose, et que j’aurais dû faire cet effort supplémentaire.

 

La fresque du bas est de l’illustrateur néerlandais Hedof. Elle a été réalisée en 2017 dans le cadre du festival d’illustration et de graphisme Visual Playground.

 

On retrouve également l’envahisseur Toy Box pour la fresque en cours, et le maze est anonyme.

 

Fresque d'Akacorleone qui recouvre toute un mur sur le coté d'un grand bâtiment, représentant des formes et un visage assez cubiste tout en couleur
Akacorleone

Au gré de nos pérégrinations dans la ville, j’ai découvert une autre fresque aux abords du parc de Cişmigiu réalisée dans le cadre du festival Visual Playground par Akacorleone. Illustrateur suisse portugais, graphiste de formation, il a commencé par le graffiti dans sa ville d’origine à Lisbonne. Artiste reconnu de la scène du street art international, il a notamment participé au festival de la Tour 13 organisé par la galerie Itinerrance en 2013 ainsi qu’à une exposition collective de la galerie Mathgoth en 2017 dans le 13e arrondissement de Paris.

 

Des personnages se cachent dans les alcôves de ce qui étaient des fenêtres du premier étage d'un bâtiment
Pisică Pătrată

Rue C.A. Rosetti, une œuvre de Pisica Pătrată, a particulièrement attiré mon attention : des personnages rigolos se cachent dans les alcôves d’un bâtiment juste à côté de la maison de vente d’objets d’art Artmark. Pisica Pătrată est un des street artistes et illustrateurs roumains les plus appréciés et reconnus en Roumanie. C’est aussi le fondateur du musée Comic Books Museum. Ses personnages se situent toujours sur des bâtiments anciens de Bucarest. Son travail in situ dans la ville lui permet d’engager un dialogue avec des bâtiments historiques oubliés et de donner à voir ce patrimoine laissé à l’abandon. Il a notamment peint sur les bâtiments du Cinema Marconi et du Capitol Summer Theatre.

 

Fresque d'obie Platon surréaliste avec Dracula au premier plan et un autre personnage autour d'une table en bois.
Obie Platon

Une seconde fresque d’Obie Platon à l’angle de la rue Stirbei Voda et la rue Ion Campineanu pour le restaurant Bram Stoker représente le personnage historique de Vlad l’Empaleur, qui a inspiré le personnage romanesque de Bran Stoker Dracula. Figure mythique et emblématique de la culture populaire roumaine de Transylvanie, devenu un attrait touristique important pour la région.

 

Fresque de Pass représentant la tête d'un oiseau de type aigle.
Cristian Pass

En revenant dans le quartier de Lipscani, rue Victoriei, une œuvre de Cristian Pass réalisée en 2017 représente un aigle.

   2.   Une galerie à ciel ouvert

Lors de notre après-midi libre en fin de voyage, je me suis baladée vers un autre quartier proche de la station de métro Piţa Romană pour découvrir la rue Arthur Verona qui abrite la Graffiti Walls gallery. Pas d’espace intérieur pour cette galerie ou de site internet mais plein de fresques et graffitis qui recouvrent les murs de cette rue. Plusieurs murs de cette rue à l’angle avec la rue Dionisie Lupu sont supports à des fresques qui changent tous les ans lors du festival de culture urbaine Street Delivery.
Les fresques que j’ai pu découvrir ont donc été créées lors de l’édition 2018 du festival qui a lieu tous les ans en juin.

Longue fresque collaborative avec un message en roumain écrit tout du long et des fleurs et personnages ornent le bas du mur.
Girl Power par un collectif de femmes

La plus grande est une œuvre collective réalisée par des artistes femmes sur le thème du Girl Power : Wanda Hutira, Livi Po, Grafette (Sandy Balasoiu & Irina Mocanu), Ana Constantinescu, Irina Giuglea, Laura Ionescu, Ira Merzlichin, Mihaela Semeniuc & Andreea Pe Câmpii.

L’année précédente en 2017, Obie Platon et le collectif NOM Crew s’étaient approprié ce mur pour une fresque intitulée « Don Quixote and the windmills » sur la question des effets de la technologie sur notre société contemporaine.

 

Fresque très coloré avec des immeubles animalisés dessinés en pointillé.
Kseleqoqynqyshy – “Casele cu Ochi Închiși” / “Maisons aux yeux fermés« 

Le mur en face est recouvert par un autre artiste et illustrateur roumain de la scène artistique locale, Kseleqoqynqyshy. Il peint des univers presque enfantins et plein de poésie. Ses fresques sont des mini-villes dans la ville, peuplés d’animaux colorés.
Sur son instagram, il explique cet univers bien particulier :

A l’intérieur de chaque bâtiment, il y a un autre monde. Et dans ce monde, il y a une infinité de bâtiments dans lesquels chacun a d’autres univers à l’intérieur. Et sur chaque planète il y a un autre monde avec une infinité de bâtiments et de personnages. Donc, en gros, il y a une infinité d’univers.

Fresque de Kraser représentant une tête d'ours brun la gueule ouverte, à moité réaliste, à moitié atmosphérique.
Kraser

Puis vient une autre grande fresque assez impressionnante de Kraser. L’artiste muraliste espagnol a ici choisi de représenter un ours brun, animal très présent dans les montagnes de Roumanie.

 

Nombreux graffiti, collages et tags le long d'une rue.

Le reste de la rue est recouverte de tags, graffiti et collages. Et on y retrouve à nouveau les traces d’AEUL et d’Ortaku !

 

Fresque de Patrata en piton d'immeuble représentant un personnage à tête ronde et à l'oeil unique, avec un livre
Pisică Pătrată

En allant vers la place Piaţa Romană, j’ai découvert une dernière fresque également réalisée dans le cadre du festival Street Delivery en pignon d’immeuble qui surplombe la librairie Carturesi Liberia, boulevard Magheru. Son auteur, l’artiste Pisică Pătrată dont nous avons déjà parlé un peu plus haut, peint au même emplacement tous les ans une nouvelle œuvre sur le thème du livre, en référence à son emplacement au-dessus de la librairie.

 

Deux grands yeux rouges se fondent dans le décors du haut d'un grand immeuble.
Anonyme

Pour finir cette balade sur un mystère, parce que oui, quand on se passionne pour cet art, on est dans un stade constant d’enquête et d’observation (d’ailleurs n’hésitez pas à aller lire notre article « Comment nous trouvons les artistes des œuvres que l’on rencontre dans la rue »), voici une paire d’yeux qui observent la ville de haut… Situés sur un immeuble du quai Independenţei de la rivière Dâmboviţa, je n’ai trouvé aucune mention de cette œuvre sur internet.
Si vous en savez plus, laissez-nous un petit commentaire !

Voilà pour cette petite balade urbaine au fil des fresques rencontrées à Bucarest. J’espère que cela vous a fait voyager et que ça vous donne envie d’aller découvrir cette ville quand nous pourrons à nouveau partir à l’aventure dans des contrées lointaines !
Quelques références pour vous aider à préparer votre séjour :

Et pour plus de lecture, référez-vous à la bibliographie à la fin de Bucarest part.1 !

 

© toutes les photos de cet article sont d’InvisibleWalls.

 

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