Ememem pratique le « flacking », terme qu’il a lui-même inventé* pour parler de son premier « rebouchage » de trou ! Pour ce petit article, nous voulions vous parler de cet artiste à la technique bien particulière.
Eh oui, il créé des œuvres d’art qui permettent de combler ou de réparer un bout de trottoir, et parfois de mur. Truelle en main, il utilise la mosaïque et la céramique pour apporter de petites touches de poésie et de couleurs à nos rues tout en allégeant le travail du service de la voirie !!
Intriguées depuis quelques temps déjà par sa technique et les étapes de réalisation de ses œuvres, nous avons contacté Ememem qui a accepté de nous répondre par écrit pour garder son anonymat. Il nous a expliqué son travail et sa démarche de création, non sans ajouter une bonne dose d’humour à son message !
Ememem choisit ses emplacements au hasard de ses balades. Il se laisse aller aux bruits de la ville et reste attentif aux trous qui lui parlent et l’inspirent, parce que comme il le dit si bien, il y a des trous qui « vibrent et d’autres pas » !
Pour le choix du motif et des couleurs, la magie opère dans les discussions intimes entre l’artiste et son sujet. C’est donc mystère et boule de gomme, nous n’en sauront pas plus…
La plupart des œuvres d’Ememem sont vandales. La question qu’on se pose alors est : comment est-ce qu’il s’y prend pour créer in situ des œuvres sur-mesure et si minutieuses sur la voie publique, sans être interrompu ?
La réponse est simple, il n’y a pas de recette miracle il travaille de nuit pour pouvoir s’isoler. Et il ne s’est jamais senti en position d’illégalité. En rebouchant les nids-de-poule d’une ville, est-il dans une forme de vandalisme qui présuppose une atteinte à l’espace public ?
Les quelques fois où Ememem a rencontré la police, ils sont repartis sans le verbaliser. Ils l’ont même parfois encouragé !
Quant à son temps de création, c’est assez relatif puisqu’il peut y consacrer entre une heure et six heures afin de redonner un coup de jeune à un trou ! Tout dépend de la météo, de la taille du flacking, des matériaux utilisés (tous issus de récupération), des conditions initiales du nid-de-poule, etc. La dernière étape du processus, celle du séchage, est toujours la plus longue.
En bref, l’artiste œuvre en toute liberté, dans l’anonymat et la solitude de la nuit.
Pour nous, ses œuvres sont de petites pépites sur lesquelles nous tombons par hasard dans les rues de Paris. Elles illuminent notre journée autant que la fameuse grisaille parisienne. Alors nous remercions Ememem pour ses œuvres et ses réponses qui nous ont bien fait rire !
→ L’instagram de l’artiste pour voir encore plus d’œuvres ←
On espère que les flackings que vous rencontrerez sur vos trottoirs vous feront le même effet, et que cet article vous aura permis d’identifier ou de découvrir cette technique 😊
Un autre artiste bien connu de la scène internationale utilise une technique similaire pour « réparer » des murs abîmés, à l’aide de légo cette fois-ci ! Il s’agit de Jan Vormann et on vous laisse découvrir son travail par ici.
*Selon certaines légendes urbaines, le terme serait apparu lors d’une soirée quelque peu arrosée et Ememem l’aurait gardé pour parler de sa pratique.
© Toutes les photos sont d’Invisible Walls.